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Les ustensiles et l’alimentation autonome du bébé (DME)

Ustensiles

Est-il utile d’introduire les ustensiles très tôt dans l’alimentation du bébé?
Quand les introduire?
Quels ustensiles choisir?
Voici quelques éléments afin que vous puissiez y voir plus clair.

Catherine St-Pierre est ergothérapeute à La Brigade Familiale et a accepté de répondre à ces 3 questions que bien des parents se posent.

Est-il utile d’introduire les ustensiles très tôt dans l’alimentation du bébé?

Lors des premiers mois d’introduction des aliments, le bébé est dans une période d’exploration. Le fait de manipuler les aliments avec ses mains lui permet d’apprivoiser les textures qu’il s’apprête à manger et aussi de préciser la coordination de ses mouvements pour amener la nourriture à sa bouche.
De façon générale, il n’est d’aucune utilité d’introduire les ustensiles avant quelques mois. Un des exemples où il pourrait être intéressant d’utiliser une cuillère serait pour présenter un aliment à texture trop molle pour être manipulé avec les doigts.

 

Quand les introduire et quels ustensiles choisir?

Une fois que bébé a pu explorer une variété d’aliments, tant au niveau des goûts que des textures, il peut commencer à démontrer de l’intérêt envers les ustensiles. Au début, il ne fera que les manipuler, puis à force d’observer, il comprendra comment les amener à sa bouche. Pour la plupart des enfants, l’idéal est de leur faire utiliser ce qui se rapprochera le plus de ce qu’ils utiliseront plus tard. L’apprentissage de l’utilisation d’ustensiles demande un grand effort de planification motrice, donc l’enfant peut avoir de la difficulté à généraliser son apprentissage si les ustensiles sont très différents entre eux (par exemple: la façon de les prendre avec la main, l’angle pour la mise en bouche, la flexibilité du matériau pour savoir avec quelle pression refermer la bouche, etc.)
Et ce sont surtout les ustensiles avec des manches “standards” qui vont permettre à l’enfant de travailler la prise tridigitale (avec trois doigts, comme pour tenir le crayon). Certains n’auront aucune difficulté à passer d’un type d’ustensile un autre, mais de façon générale je recommande de garder les ustensiles utilisés au plus simple. Donc une simple cuillère ou fourchette de petit format avec possiblement un manche légèrement plus gros que les ustensiles de métal réguliers.

Sur le marché, on retrouve toutes sortes d’ustensiles conçus pour les bébés, à très gros manche pour les petites mains, à manche nervuré pour faciliter la prise, à manche recourbé pour aider à entrer dans la bouche, etc. Quand on y pense, ces ustensiles se veulent une façon de pallier aux difficultés rencontrées par bébé.

Mais veut-on vraiment compenser des habiletés que bébé n’a même pas encore eu l’occasion de développer?

Développement typique

Dans le développement typique de l’enfant, l’apprentissage de l’utilisation de la cuillère se fait pour la majorité entre l’âge de 1 et 2 ans avec des dégâts et entre 2 à 3 ans de façon plus habile. Et l’utilisation de la fourchette débute entre 1 et 3 ans selon l’intérêt et les habiletés de l’enfant.
Le fait de les introduire plus tôt n’aura pas nécessairement d’impact sur la rapidité avec laquelle ils vont apprendre à les utiliser, car ils ont beaucoup d’habiletés de motricité fine à parfaire d’ici là.

Cas particuliers

Il y a cependant certaines situations où j’ai tendance à les recommander : dans le cas où un enfant présente une difficulté motrice ou sensorielle spécifique qui freine l’acquisition de son autonomie.
Par exemple, un enfant ayant une hypotonie sévère aura de la difficulté même avec les prises grossières, donc un ustensile à grosse prise arrondie peut lui permettre de le tenir (ce qu’il n’aurait peut-être jamais pu faire avec un ustensile standard).
Un enfant qui a de la spasticité pourra apprécier un modèle dont le manche a une poignée car même s’il y a certains mouvements involontaires de ses doigts, l’ustensile ne tombera pas à tous coups et ça élimine beaucoup de frustration au moment du repas.
Pour l’enfant ayant une hypersensibilité prononcée au niveau de la bouche, les ustensiles ayant un recouvrement plus souple (comme du silicone ou un plastique flexible) seront parfois mieux tolérés que ceux avec un embout très rigide.
Pour un enfant ayant une dyspraxie, on pourrait privilégier des ustensiles ayant tous le même type de manche pour faciliter l’apprentissage. Certains de ces ustensiles valent aussi le coup d’être essayés pour les enfants qui ont simplement des difficultés avec les ustensiles standards, mais je n’aurais pas tendance à les utiliser s’il n’y a pas eu de difficulté rencontrée.

Il faut seulement prendre conscience de ce qu’on recherche exactement en les utilisant et ne pas tomber dans les pièges du marketing qui nous font parfois croire à la magie de certains produits!

 

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